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Marine

Il n'est pire aveugle, de John Boyne

Résumé : Quand Odran Yates s'engage dans la voie du clergé, les prêtres sont parmi les personnes les plus respectées de la société irlandaise. Adulés, admirés, ces hommes en soutane dirigent la plupart des écoles, font office de psychologues, de conseillers conjugaux, et de guides spirituels. Convaincu par sa mère qu'il a la vocation, Odran décide alors de suivre le chemin tout tracé qui s'offre à lui. Il part à Rome durant l'années des trois papes, observe la machine vaticane, puis revient en Irlande en tant que bibliothécaire dans un collège de garçons. Bien loin de la vie paroissiale, Odran s'épanouit dans ce quotidien tranquille et sans embuches. Mais vient le temps des révélations, petit à petit, le complot du silence se brise, et Odran voit le respect se transformer en haine... Les enfants parlent, les langues se délient, et l'Eglise ne peut plus nier. La culpabilité d'Odran se fait de plus en plus forte. Des années 70 au début des années 2010, le prêtre va remonter le temps, et assumer le poids de sa responsabilité face à la pédophilie de ceux en qui la société avait placé toute sa confiance.


Ce que j'en ai pensé : Je découvre l'écriture de John Boyne grâce à son dernier roman, et dès les premières pages j'ai été complètement happée par la plume de l'auteur. Je lisais les phrases les unes après les autres, sans reprendre mon souffle, tant le rythme du récit me tenait en haleine. John Boyne peint le portrait d'une société irlandaise très catholique, enfermée dans la religion et les préjugés, la misogynie et le patriarcat. Sans demi-mesure, avec cruauté, on observe ces familles et ces personnages brisés, déchirés, et ces hommes tout de noir vêtus qui font l'objet d'un véritable culte.

Toute la force de l'écriture vient du non-dit, de ces actes horribles qui ne sont jamais évoqués, l'auteur laisse son lecteur imaginer, naviguer dans le mutisme qui entoure les pires vices. Avec le personnage d'Odran, John Boyne illustre à merveille le complot du silence qui s'est déroulé durant des dizaines d'années. Qui sont les vrais responsables ? Ceux qui savent et qui se taisent ont-ils leur part de culpabilité ? On en vient presque à détester le héro, à le haïr pour sa naïveté, son aveuglement. A travers les mots de l'auteur, on sent la fureur, la déception pour cette religion qui n'a pas su protéger ses fidèles. La bascule entre avant et après est d'autant plus violente que la confiance des irlandais était haute.

John Boyne analyse avec finesse les causes et les conséquences de ces dérives, crée des personnages attachants malgré leurs nombreux défauts et nous transporte dans une Irlande noire et triste, à jamais meurtrie par les erreurs et l'hypocrisie du clergé catholique.

Ce roman restera très certainement gravé dans ma mémoire et après Il n'est pire aveugle, j'ai très envie de lire Les Fureurs invisibles du cœur, dont le thème principal reste très similaire à ce dernier livre.



La citation : "Me retrouver au milieu d’une foule alors que je portais mon col était souvent une expérience déprimante. J’étais forcément l’objet des regards narquois d’étudiants suffisants ou d’hommes d’affaires bouffis d’orgueil. Les mères attiraient leurs enfants plus près d’elles en me voyant et il arrivait qu’un inconnu m’approche, me lance une remarque provocante ou insultante.", John Boyne, Il n'est pire aveugle (Editions JC Lattès, 22,90€, 380 p.)

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