Le résumé : Deux ans après la Première Guerre mondiale, le corps d’un soldat traverse la Manche. Déterré parmi les centaines de tombes qui ont envahi les champs français, il sera inhumé en Angleterre, à Westminster Abbey, lors d’une cérémonie pour l’Armistice. Nous sommes le 6 novembre 1920 et la nation toute entière se prépare à accueillir le Soldat Inconnu. Durant les cinq jours qui vont précéder ce 11 novembre si particulier, nous suivons l’histoire de trois femmes londoniennes, unies malgré elles par des liens que la guerre a tissés. Il y a Hettie, tout juste 19 ans, qui fait danser les hommes pour quelques pences, et dont le frère est revenu détruit par la guerre, il y a Ada, hantée par le souvenir de ce fils perdu au front, et enfin Evelyne, dont l’amant est mort en France.
Ce que j'en ai pensé : Ce roman choral d’Anna Hope est pour moi une véritable découverte et une magnifique surprise. L’auteure dresse le portrait de trois femmes : mère, épouse, amante, sœur, elles ont toutes été victimes de cette guerre qui leur a volé leurs hommes. Ce livre est une histoire de deuil, une histoire d’amour, une histoire de guerre. À travers le destin d’Evelyne, Ada et Hettie, nous apprenons l’histoire de ces hommes partis à la guerre, morts ou témoins d’atrocités. Accueillis en héros à la fin des combats, le gouvernement va peu à peu les oublier, les laissant sur le bord de la route, au coin d’un trottoir, mendiant pour quelques pièces. Alors comment oublier ? Comment comprendre ? Comment avancer ? La guerre est finie sur le papier mais dans le cœur de ses victimes elle vit toujours. Elle hante les maisons, le visage de ceux qui ont vu et celui des autres, celles qui ont perdu un être cher et qui ne peuvent oublier. L’écriture tout en finesse d’Anna Hope peint le tableau d’une Angleterre meurtrie, mais désireuse de regarder vers l’avenir. Car l’espoir existe et c’est là toute la beauté de ces histoires.
La citation : "Pourquoi ne peut-il pas passer à autre chose ? Pas seulement lui. Tous autant qu'ils sont. Tous les anciens soldats qui font la manche dans la rue, une planche accrochée autour du cou. Tous vous rappellent un événement que vous voudriez oublier. Ça a suffisamment duré. Elle a grandi sous cette ombre pareille à une grande chose tapie qui lessive la vie de toute couleur et toute joie. D'un coup de pied, elle balance sa robe dans un coin de la pièce. La guerre est terminée, pourquoi ne peuvent-ils donc pas tous passer à autre chose, bon sang ?", Anna Hope, Le Chagrin des Vivants ( Editions Gallimard, 23€, 400p.)
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