Le résumé : A 17 ans, Michel vient tout juste de passer son bac. Entre deux parties de flipper, et quelques révisions de latin, le jeune homme s’interroge sur son avenir et rêve de pouvoir partir en Israël, rejoindre Camille, sa petite amie, dont les parents ont choisi de s’installer dans un kibboutz.
De son côté, Franck a décidé de partir vivre en Algérie, et d’abandonner Cécile en France. Considéré comme un déserteur par l’armée française, le jeune homme s’exile dans ce pays, en pleine reconstruction après la guerre d’indépendance. Pendant ce temps, Igor est accusé du meurtre de son frère Sacha, dont le corps a été retrouvé au Balto, le fameux bistrot du Club des incorrigibles optimistes.
Malgré les sacrifices, malgré les amours perdus, chacun espère, se bat, tente de se faire une place dans un monde en plein bouleversement.
Ce que j’en ai pensé : Dix ans après Le Club des incorrigibles optimistes, quel plaisir de retrouver les personnages que j’avais adorés étant adolescente ! Cette fois-ci, adieu le Balto dans le quartier de Denfert-Rochereau, direction Alger, Tel-Aviv, Rome et Moscou. Dans ce roman de 600 pages, Jean-Michel Guenassia nous fait voyager sur près de 40 ans d’histoire, à travers les continents et au-delà des frontières; de l’indépendance de l’Algérie à la chute du bloc soviétique. On suit chacun des personnages dans leurs quêtes politiques, spirituelles, dans leurs ambitions et leurs désirs, et surtout dans leur recherche de sens.
On observe la naissance de l’Algérie indépendante, d’Israël, avec tous les espoirs de ces peuples et de ces hommes persécutés et traumatisés par la guerre. On vit les horreurs du communisme en URSS, la torture, l’exil. En France, les femmes prennent leur indépendance, le système patriarcal est remis en question, on expérimente la liberté sexuelle, la société vit les prémices du consumérisme. Ce sont deux mondes qui s’affrontent et se cherchent. L’écriture dynamique et efficace, les phrases très courtes de Jean-Michel Guenassia nous happent dans un récit tourbillonnant aux personnages attachants, aux trajectoires toutes plus complexes les unes que les autres.
Néanmoins, je reste sur un goût légèrement amer concernant la fin du roman... Les cinquante dernières pages m’ont beaucoup déçue, on perd un peu les intentions de l’auteur, sans comprendre réellement la morale de cette étrange conclusion. Évidement, la fin d’un récit ne peut pas remettre en question tout le plaisir que j’ai pu ressentir en lisant ce roman, mais je m’interroge encore sur la finalité de cette histoire qui donne la part belle à l’un des personnages qui m’a le moins touchée et dont la destinée a même fini par m’agacer... Pour conclure, un très bon roman, que j’ai lu avec beaucoup de plaisir et d’enthousiasme, mais qui reste selon moi, en dessous du premier volume.
La citation : « Ils imaginent un monde que votre système est incapable de leur offrir, et rien ni personne, aucune répression, ne pourra les empêcher de vouloir tenter leur chance. Ailleurs ne sera peut-être pas mieux mais ne pourra pas être pire. […] C’est de l’ordre de la croyance, du rêve, vous ne pourrez jamais empêcher un homme de penser qu’ailleurs sa vie sera meilleure, et d’être prêt à tout risquer pour y accéder. Quoiqu’il en coûte. Cela s’appelle l’espoir. », Jean-Michel Guenassi, Les Terres Promises ( Editions Albin Michel, 624p., 22,90€)
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